grave
2017
Avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella
Nationalités : Français, Belge
Presse (28 critiques)
Spectateurs (133 critiques)
Epouvante-horreur, Drame
1h 38min
10 prix et 4 nominations
Interdit aux moins de 16 ans
Disponible en audio description
Bande annonceRésumé
Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.
10 Mars 2017
Avant Grave, premier long-métrage au cinéma pour la réalisatrice Julia Ducournau, il y avait Mange, un téléfilm réalisé pour Canal+ en 2012, et Junior, un court-métrage de 21 minutes. À chaque fois, la cinéaste traite de métamorphose physique :
"Mange était très punk avec beaucoup de sexe, de drogues… Le film a été interdit aux moins de 16 ans sur Canal. C’était l’histoire d’une ancienne obèse qui recroise la personne qui lui a pourri la vie au collège et veut se venger. JUNIOR, c’est la mutation reptilienne d’une ado très garçon manqué en jeune fille. GRAVE s’inscrit dans la continuité de mon court-métrage. Mes héroïnes portent d’ailleurs le même prénom, Justine et sont toutes les deux interprétées par Garance Marillier", confie Ducournau.
La réalisatrice Julia Ducournau précise que ses indications de jeu passent principalement par le corps, c'est de cette manière qu'elle travaille notamment avec son actrice fétiche, Garance Marillier :
"J’ai d’abord demandé à Garance de se tenir très droite, le menton relevé pour suggérer cette sorte d’assurance un peu naïve. Peu à peu, elle modifie son regard, sa façon de se tenir. Le menton de plus en plus baissé pour avoir un regard par en-dessous plus aiguisé, précis et inquiétant", explique la cinéaste.
Selon la réalisatrice Julia Ducournau, elle a intitulé son film Grave car c'est un mot utilisé à tort et à travers et que son utilisation est devenue galvaudée, perdant de sa signification et de sa force. Pour la cinéaste, Grave signifie la gravité, au sens physique du terme, quelque chose qui nous tombe dessus, nous cloue au sol, un poids que l’on porte tous. C’est tangible, concret, important :
"Dans mon film, le mot n’est utilisé que dans une seule séquence, lorsqu’Adrien demande à Justine : « Je veux savoir si tu es dans un délire SM ou si c’est plus grave que ça. » Justine ne dit rien. Elle va dans sa chambre puis revient et lui dit : « C’est grave. » Immédiatement après, ils baisent. C’est parce qu’ils se disent la vérité, qu’ils peuvent faire l’amour."
Julia Ducournau a choisi de donner le prénom de Justine à son héroïne en référence au livre du Marquis de Sade, Justine ou les malheurs de la vertu, l’histoire d’une jeune innocente qui devient un objet sexuel et va finir par y prendre du plaisir :
"Si le sexe a son importance, le thème de l’atavisme est central. Ma Justine va se construire par rapport à sa pulsion qui est une damnation familiale. Au contact de sa grande soeur, atteinte du même mal, elle va s’affirmer, se découvrir, accepter ou pas, sa différence", analyse la réalisatrice.
La réalisatrice Julia Ducournau raconte sa rencontre avec Garance Marillier et sa complicité avec la jeune comédienne :
"J’ai rencontré Garance Marillier lors du casting de mon court-métrage, Junior. C’est sa mère qui nous a contactés. L’annonce était pourtant chargée. Je ne voulais surtout pas voir débarquer des petites filles toutes sages, j’avais donc insisté sur le côté masculin et brut du personnage. Elle est arrivée, timide, avec un physique de crevette, et puis quand elle s’est mise à jouer elle nous a tous assis par son charisme et sa force. Garance a un physique intéressant, qui tient à la fois de l’enfant et de la jeune adulte. Il y a une forme d’innocence et quelque chose d’inquiétant. C’est facile pour moi de me projeter en elle, car nous avons des caractères assez semblables."
Grave possède une part autobiographique, notamment inspirée par la famille de Julia Ducournau :
"Ma mère est gynécologue, mon père, dermatologue et j’ai une grande soeur. Je sais, ça explique tout ! Pour autant, mes personnages ne ressemblent pas à ma famille. Depuis toute petite, j’ai entendu mes parents parler de médecine, sans tabou. C’était leur quotidien. J’avais mon nez fourré dans leurs livres. Je me souviens d’une photo d’un petit lépreux dont l’oreille a été recollée à l’aide de sangsues ! Cela a eu un double effet sur moi : si la mort, la décomposition étaient normalisées, je suis devenue hypocondriaque. J’ai beaucoup fantasmé sur la maladie.
J’ai vu mon premier film d’horreur par hasard à 6 ans. Mes parents n’étaient bien-sûr pas au courant. J’ai réalisé plus tard que c’était Massacre à la tronçonneuse. J’étais intriguée, pas du tout effrayée, comme préparée à cette imagerie. En plus Leatherface y est montré comme un artiste dans son musée des horreurs, donc qui sait… ? Et puis ma mère est très féministe. Du fait de son métier, elle m’a inculqué son intérêt pour les trajectoires de femmes, le sens de la solidarité, et m’a souvent répété qu’il n’y a rien qu’un homme fasse qu’une femme ne puisse pas faire", précise la cinéaste.
Présenté lors d'une séance de Minuit au Festival de Toronto, Grave de Julia Ducournau a quelque peu secoué les festivaliers. Selon Ryan Werner, qui s'occupe du marketing du film sur place, certains spectateurs se seraient évanouis lors de la projection ! La dernière fois que Werner a été confronté à cette situation, ce fut pour Antichrist de Lars Von Trier. Dévoilé au Festival de Cannes à la Semaine de la Critique en mai dernier, le film a fait sensation, mettant certes le spectateur dans un état de malaise profond.
La réalisatrice Julia Ducournau revendique le caractère protéiforme de son film et n’aimerait pas qu’il se retrouve enfermé dans une case :
"De la même façon que dans la vie, je ne crois ni au genre masculin ou féminin, encore moins à une délimitation claire de la sexualité… Je vois des métamorphoses en permanence. La vie est trop courte pour n’être qu’un", affirme la cinéaste.
David Cronenberg est un cinéaste qui a beaucoup d'influence sur la réalisatrice Julia Ducournau :
"Dans ses films, on voit beaucoup de corps mutilés, blessés… ça peut paraître violent, mais il ne transige pas avec la mort. Il ne met pas de mots pour essayer de l’intellectualiser, de l’adoucir, mais des images. C’est très concret. J’aime ça. Si une image parle, il n’y a pas de raison de rajouter des phrases pour l’expliquer. Cronenberg, c’est surtout le cinéaste qui a le mieux filmé l’aspect psychanalytique d’une métamorphose", analyse Ducournau.
Casting
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